a3nm's blog

New home page

After at least 10 years, I thought it was time to revamp my home page. The main goal was to make it more focused towards my current activities. I also wanted to make it less frightening, by having text instead of bullet points.

I have also tried to avoid presenting my research as a list of publications: I think that publication lists are hard to understand outside a specific area and do not show the big picture. Accordingly, I have written a high-level presentation of my research to make it more understandable, and will try to keep it up-to-date. I am also considering to announce new results (e.g., posted papers) on this blog, which I think is more interesting than simply updating a list. Of course I still have a list of publications on a dedicated page for those interested.

Another novelty is that I now have a list of students I supervised, and a list of internship and PhD offers for prospective students.

Announcing TheoretiCS, a diamond open-access journal

I'm honored to be part of the team behind the new open-access journal in theoretical computer science, TheoretiCS, which just opened earlier this month.

The goal of TheoretiCS is to publish the best papers in all areas of theoretical computer science, while guaranteeing a fast turnaround time (3 months for a first opinion). It is a diamond open-access journal, which is free for readers and authors: the articles are hosted on arXiv following the overlay journal model, and the reviewing platform1 is Episciences, which is open-source software hosted by the CNRS CCSD. The journal belongs to an independent nonprofit, which avoids any interference from for-profit publishers and also from the large scholarly societies that are currently failing to ensure the free dissemination of our work.

I am involved in TheoretiCS as a "managing editor", together with Nathanaël Fijalkow. We are in charge of handling technical aspects of running the journal and making sure everything is going smoothly and steadily. :) For now, our main work has been to study how to adapt the Episciences platform to the needs of the journal, to open issues, and to document how to use the platform.

I am impressed by the journal's editorial board, its distinguished endorsers, and its representatives for many of the major computer science conferences. Making all of this happen has been underway for several years by the team; I only joined rather late, at a point where the editorial board was mostly finished.

I hope that this journal will be a success and an example of how research should be published in the 21st century, i.e., entirely online and at no cost. My involvement in this effort is in line with my commitments towards open access, and I hope it can help make things move in the right direction.


  1. Episciences is the same platform which is used by DMTCS, FI, and LMCS (where I am also a layout editor). 

Banques et crise climatique : tour d'horizon (et aveu d'incompréhension)

— updated

[This post is about banks and investments from a French perspective, so again it is written in French, sorry about that.]

En réfléchissant à la réduction de mon empreinte carbone, je me suis récemment interrogé sur les banques et sur l'épargne. En effet, outre l'orientation de ma consommation vers des produits à moindre impact (par exemple pour les vêtements), l'orientation de mon épargne devrait aussi être un levier d'action individuelle pour soutenir de meilleurs modèles sociaux et environnementaux. Et si on en croit le calculateur d'Oxfam France, l'empreinte carbone d'un placement à la banque n'est pas négligeable du tout.

Certes, cela pose une question de double comptes : les émissions de gaz à effets de serre d'une entreprise doivent-elles être "facturées" à ses clients, ou à ses actionnaires ? (voir ce post et cet article). Ça semble néanmoins être une direction raisonnable à explorer en plus du reste. L'espoir serait que de tels mouvements garantissent d'une part la disponibilité d'argent pour des investissements en faveur de la transition énergétique (production d'électricité renouvelable, isolation thermique, etc.), et d'autre part rendent plus délicate le financement de projets d'exploitation d'énergies fossiles, contribuant au désinvestissement des énergies fossiles et augmentant du même coup la perception d'un risque financier sur ces investissements.

Quelques mises en garde :

  • Je ne parle ici que d'action individuelle, même si la crise climatique et enjeux associés sont bien sûr une question d'action collective. À ce sujet, je recommande les vidéos récentes de l'excellente chaîne de vulgarisation Heu?reka (sur Youtube, malheureusement) qui présentent des mesures envisageables au niveau des banques et de la BCE. Dans la suite de ce post je ne m'intéresse qu'à des actions à titre individuel.
  • L'objectif à atteindre n'est même pas très clair : la finance est un système compliqué, comprendre l'impact individuel de son argent est loin d'être évident, et caractériser l'effet d'une action individuelle n'a pas un sens bien défini.
  • Ce post est principalement une sorte de constat d'échec, au sens où je n'arrive pas trop à me faire une idée. Néanmoins, après des heures de documentation, j'ai préféré mettre en ligne une trace écrite de ce que j'avais trouvé pour pouvoir passer à autre chose, mais ce n'est pas rédigé sur un ton très conclusif. Au mieux, c'est une sorte d'annuaire d'options à considérer. Mais il y a d'autres endroits qui les recensent peut-être mieux que moi, notamment le site Investir éthique.
  • Ce post ne sera pas forcément maintenu à jour.
  • Attention, les informations sur cette page sont fournies sans aucune garantie et vous les suivez à vos risques et périls. Si vous commettez des erreurs et perdez de l'argent, n'allez pas dire que c'est de ma faute. :)

Compte courant

La question qui vient en premier est celle de son compte courant : comment être client auprès d'une banque qui partage ses propres valeurs ?

Si on regarde ce rapport 2019 d'Oxfam France, aucune des banques traditionnelles ne semble tirer son épingle du jeu. Une différence importante semble être la taille de la banque (une banque plus petite a mécaniquement moins d'impact). De façon assez décourageante, les banques mutualistes ne semblent pas mieux s'en sortir : en France il s'agit surtout de BPCE (regroupant Banque Populaire et Caisse d'Épargne), Crédit Agricole, et Crédit mutuel. C'est dommage, ces banques appartiennent à des citoyens qui en détiennent les parts et pourraient en principe se coordonner pour infléchir la trajectoire de la banque...

Les banques en ligne sont généralement adossées à une banque traditionnelle, et ne sont a priori guère meilleures. L'intérêt pour le consommateur est souvent la gratuité des frais bancaires -- quitte à financer une banque peu éthique, autant la payer le moins possible ? Et pour une raison que je ne trouve pas non plus très claire, les banques mutualistes semblent être à la traîne pour proposer des offres purement en ligne et sans frais, donc les options en ligne sont principalement rattachées aux banques traditionnelles qui n'ont même pas cette forme juridique que je trouve préférable.

Il y a néanmoins quelques acteurs intéressants :

Sur la question du tarif, si je sais qu'il faut être prêt à payer davantage pour des acteurs éthiques, je reste perplexe. Les banques en ligne traditionnelles parviennent à proposer des comptes gratuits (en se finançant, j'imagine, sur des intérêts et des frais de transaction). Ainsi, pourquoi les acteurs vertueux ne font-iels pas de même, plutôt que de proposer des comptes chers et ensuite expliquer qu'iels donnent une partie de leurs revenus à des initiatives pour le climat ? Ce que je cherche personnellement n'est pas de faire un don via ma banque, c'est de payer le moins cher possible pour quelque chose qui ne soit pas activement nuisible...

Du coup, je m'avoue encore un peu perplexe : est-ce qu'il vaut mieux payer le moins de frais bancaires possibles (c'est-à-dire, pour un usage quotidien, potentiellement ne rien payer) mais en confiant son argent à des acteurs peu scrupuleux (une banque en ligne lambda) ? Ou bien payer plus cher pour des acteurs dont le bénéfice éthique n'est pas forcément si clair ? ...

Une dernière remarque au sujet des moyens de paiement : j'ai personnellement tendance à penser que le paiement en espèces plutôt que par carte bancaire Visa offre finalement bien des avantages. Le cash est anonyme, difficile à tracer, et il ne génère pas de données sur votre consommation au profit de Visa ou de votre banque. Du reste, il évite aux commerçants de payer les commissions1 au réseau Visa (qui sont invisibles par le consommateur). Ceci étant dit, l'empreinte carbone des paiements par carte est peut-être moindre que celui de la fabrication et du transport de billets et pièces -- voir par exemple cet article, je n'ai pas vérifié en détail et n'ai pas trouvé de source militante crédible sur le sujet dans un sens ou dans l'autre.

Épargne réglementée

La question de l'épargne est peut-être plus importante que celle du compte courant, vu que celui-ci centralise généralement moins d'argent. Orienter son épargne suivant les enjeux de la crise climatique, ou d'autres enjeux éthiques, c'est l'investissement socialement responsable (voir aussi Wikipédia).

Une première question est de comprendre ce que devient l'épargne réglementée, c'est-à-dire les produits d'épargne encadrés par l'État (et dont les intérêts ne sont potentiellement pas fiscalisés). Il s'agit notamment du livret A ou LA (sur Wikipédia, sur service-public.fr), et de son cousin le livret de développement durable et solidaire ou LDDS (sur Wikipédia, sur service-public.fr) et sa variante soumise à conditions de revenus le livret d'épargne populaire ou LEP (sur Wikipédia, sur service-public.fr); et du plan épargne logement (PEL) ou compte épargne logement (CEL).

Le sort de l'argent placé sur les LA, LDDS et LEP n'est pas simple à déterminer. Les banques doivent placer de l'ordre de deux tiers2 de cette épargne à la Caisse des dépôts et consignations (CDC). La CDC place cet argent, et rémunère d'une part les épargnants au taux réglementé, et d'autre part la banque ayant distribué le livret avec une commission de 0.3-0.4% (source). Ainsi, placer de l'argent sur ces livrets rémunère la banque à laquelle vous avez souscrit.

Je ne comprends pas bien si la part de l'argent restant peut servir à financer d'autres investissements de la banque ; notamment, comment est-ce que cette épargne est favorable aux banques pour leur permettre de créer davantage de monnaie en respectant les obligations de ratio de levier : cette question semble être encore litigieuse en ce qui concerne le placement à la CDC3.

Au niveau de la CDC, la principale utilisation des fonds de cette épargne (191.9 milliards d'euros, p7 du rapport annuel Fonds d'épargne 2020 de la CDC) sont des prêts au secteur public, et notamment pour le logement social : tous les prêts sont censés remplir (p22) un objectif de transition énergétique et écologique, économie responsable, et projets d'intérêt général (p12). J'apprécierais tout de même d'en savoir plus -- même si l'échelle est différente, pourquoi la CDC, organisme public, ne serait pas aussi transparente que ne l'est la Nef (voir aussi cette liste) ?

Toutefois, il y a aussi 120.6 milliards d'euros d'actifs financiers (voir aussi la critique de la Nef sur le livret A, onglet FAQ). Le détail des actifs financiers n'est pas renseigné, les objectifs d'être "responsable" sont flous (cf p35), et les critères d'exclusion, quoique existants et se disant "exigeants", me semblent timides (cf p36). Le pourcentage d'investissement labellisé ISR ou autre (p38-39) semble faible aussi voire anecdotique. En revanche l'empreinte carbone est connue (p37-38), j'ignore comment elle est calculée, et estimée à 262 kg de CO2e pour 1000 EUR investis (sur les actions, 12% du total d'après p7) et 109 kg sur les obligations (88% du total d'après p7), soit une moyenne pondérée de 116.46 kg pour 1000 EUR investis (et j'imagine par an). Si on considère un peu abusivement que l'épargne centralisée à la Caisse des dépôts contribue à 61% à des prêts et 39% à des actifs financiers, pour 1000 EUR placés sur de l'épargne réglementée, les 590 EUR aboutissant à la CDC reviendraient à 230 EUR d'actifs, pesant 26.8 kg de CO2e par an.

J'avoue ne pas savoir quoi faire de ces chiffres... et ne pas vraiment savoir dire si l'épargne gérée par la CDC a vraiment un impact plus bénéfique que les placements d'une banque privée quelconque.

Remarque amusante : il semble bien que placer son argent sur un LA ou un LDDS ne fasse pas de véritable différence sur ce qu'il sert à financer in fine. Il y a juste un engagement (p16 du rapport de la CDC) de financement de la transition énergétique et écologique au moins à la hauteur de ce qui est placé sur le LDDS.

Pour le PEL ou CEL, je ne comprends pas ce que devient l'argent. La seule source que j'ai trouvée sur l'utilisation de l'argent du PEL est ici, elle indique comme Wikipédia que l'épargne du PEL sert à financer les emprunts des autres utilisateurs du PEL. Mais je ne comprends pas ce qu'il se passe si le montant total des emprunts est supérieur ou inférieur au montant total épargné.

Autres comptes épargne

Pour les comptes d'épargne non réglementés (libellés en euros), les intérêts sont fiscalisés, les banques font ce qu'elles veulent en termes de taux (généralement fixe et sans risque de perte de capital), et l'épargne peut généralement être retirée à tout moment et est généralement garantie au titre du FGDR.

Voici quelques offres, il y en a d'autres sur le comparateur d'Investir Éthique :

  • La Nef est une banque éthique coopérative dont on a déjà parlé. La rémunération de leurs livrets d'épargne est extrêmement faible et ne compense même pas l'inflation : de 0.03% à 0.05% d'intérêts annuels pour un livret d'épargne disponible classique, et au mieux 0.2% annuels pour un compte à terme sur une durée de 7 ans. J'apprécie leur totale transparence sur les projets qu'iels financent, cf la carte et les rapports. La Nef est couverte par le FGDR. La Nef est labelisée Finansol. Leur rapport 2020 me donne l'impression qu'iels sont très crédiblement engagés (Fairphone, Enercoop, etc.).
  • Le Crédit coopératif propose un Livret A "Livret A comme Agir", qui semble être un livret A classique mais avec don d'une partie des intérêts à des associations. J'avoue ne pas être très convaincu -- on peut toujours donner ses intérêts ou ce que l'on veut à des associations, ça ne change pas grand-chose à ce que l'argent lui-même finance... Également un LDDS. Il y a aussi un Livret Agir Ces livrets sont labellisés labelisé Finansol et couverts par le FGDR.
  • La MAIF propose un Livret Épargne autrement, dont les intérêts sont de 0.9% jusqu'à 5000 EUR et 0.1% au-delà. Le capital est garanti. Les intérêts sont reversés à hauteur de 25% à quatre associations partenaires, ce qui ouvre droit à crédit d'impôt. Le livret est labellisé Finansol. Je ne sais pas à quoi sert le capital placé.

En gros, je suis convaincu par la Nef (à part que ça ne rapporte essentiellement pas d'intérêts), mais j'avoue ne pas être très convaincu par le reste...

Assurances-vie

L'assurance-vie est un mode de placement réglementé et permettant une forme de défiscalisation des bénéfices. Les placements peuvent être de deux types : "fonds euros" dont la valeur en euros est garantie, généralement placés avec un faible risque ; et unités de compte dont la valeur en euros n'est pas garantie ; il y a aussi certains fonds avec une garantie mais uniquement partielle du montant investi, ou uniquement après une certaine durée. Toutes les assurances-vie ne proposent pas les mêmes frais de gestion et les mêmes intérêts. Certaines permettent de choisir ses supports d'investissement directement, d'autres sont en "gestion pilotée" et les fonds sont gérés par une société d'investissement. En France, d'après la Banque de France, l'assurance-vie en euros représente 1.7 milliards d'euros et en unité de compte 385 millions d'euros soit environ 38% des placements.

Certaines assurances-vie proposent à présent des placements verts, soit sur certains supports d'investissements, soit avec certains modes de gestion pilotée.

Il y semble y avoir trois principaux labels éthiques concernant les fonds financiers en France :

  • Investissement socialement responsable ou ISR. D'après cette vidéo de Heu?reka, c'est un label peu contraignant qui indique principalement qu'il y a eu une forme d'évaluation de critères sociaux, environnementaux, et de gouvernance sur l'entreprise. Ce label couvre 552 milliards d'euros d'encours.
  • Greenfin, d'après la même vidéo plus spécifique mais pas parfait non plus, et se concentrant sur la transition énergétique et écologique uniquement. Il couvre seulement 17 milliards d'euros.
  • Finansol est un autre label, déjà mentionné plus haut, la différence avec ISR étant apparemment qu'iels visent des entreprises solidaires plutôt que des entreprises déjà cotées en bourse. Iels indiquent 20.3 milliards d'euros d'encours.

En termes d'offres (cette liste est loin d'être exhaustive...) :

  • La MAIF propose une Assurance vie Responsable et Solidaire qui affiche des labels ISR France et Finansol : d'après leur rapport 2019 p54, il n'y a que 44% d'unités de compte qui satisfont le label ISR. Par ailleurs, pour le client, contrairement à une assurance-vie en ligne, il y a des frais (de 1% et plus) sur les versements.
  • Boursorama propose une gestion pilotée de leur assurance vie par Sycomore Asset Management qui prétend être labelisée 100% ISR. L'entreprise Sycomore AM est labélisée B Corp et membre de l'association Finansol. Fait intéressant, Sycomore AM publient une politique de vote pour les actions qu'iels détiennent et publient ces votes. Leur politique d'exclusion n'est pas particulièrement claire ou ambitieuse...

Pour savoir sur quoi investir, il y a aussi un comparateur d'ETF chez Investir éthique, ainsi qu'un comparateur des sociétés du CAC40. Il y a aussi un indice Vérité40 calculé par Axylia, "maison de finance responsable", par application de leur "score carbone".

Autres placements traditionnels

Il y a toutes sortes d'autres façons de placer son argent :

  • Immobilier : est-ce une bonne idée d'acheter de l'immobilier neuf4 et ainsi financer la construction d'immeubles respectant des normes environnementales exigeantes (sur leur consommation en chauffage par exemple) ? Pourtant, l'empreinte carbone de la construction est loin d'être négligeable, voir par exemple cette estimation ou l'empreinte carbone du béton.
  • Remboursement anticipé d'un prêt : si on rembourse un prêt, une façon de placer de l'épargne peut être par remboursement anticipé, en économisant sur les intérêts (mais en payant potentiellement des indemnités de remboursement anticipé). C'est une forme de destruction monétaire, donc peut-être une façon d'encourager la décroissance (?), ou en tout cas de limiter ce qu'on finance soi-même (?).
  • Parts d'une société, par exemple parts sociales d'une banque mutualiste si on leur fait confiance, ou parts d'une société à laquelle on fait confiance directement ? Cela implique bien sûr un risque (de faillite de la société, ou de baisse des cours).

Parts sociales de coopératives

J'entre ici plus en détail sur la question des parts sociales. Ce qui m'avait motivé à regarder ces questions d'investissement en premier lieu, c'était d'apprendre que je pouvais devenir sociétaire de coopératives éthiques que je connaissais, par exemple mon fournisseur d'électricité Enercoop, mon magasin bio coopératif les Nouveaux Robinson, ou d'autres coopératives par exemple Énergie-partagée ou Dwatts ou sans doute d'autres sur l'annuaire des Scop ou l'annuaire coops.

L'achat de telles parts (en s'engageant à les conserver pendant plusieurs années, 5 ou 7 ans apparemment) donnait à un moment droit à une réduction d'impôts, de 25% en 2020 et 18% en 2021, avec le dispositif IR-PME-ESUS pour les acteurs ESUS de moins de dix ans. Il y a aussi apparemment un dispositif fiscal IR-PME qui concerne les PME plus généralement. Et également mentionné ici un dispositif IR-PME-SIEG pour les SIEG... j'avoue ne pas bien comprendre la différence... Le dispositif IR-PME-ESUS a en fait un autre inconvénient qui limite sa rentabilité : la réduction d'impôt obtenue est ensuite imposable comme une plus-value, au prélèvement forfaitaire unique de 30%, comme c'est expliqué ici (dans "Vais-je payer des impôts en plus...").

Évidemment, posséder des parts sociales est risqué : il n'est pas toujours possible ou facile de les revendre ou de se les faire rembourser, et l'entreprise ou la coopérative concernée peut faire faillite. Je ne sais pas non plus si le montant des parts est garanti. Par ailleurs, il n'y a généralement pas d'intérêts, ou de versement de dividendes : les coopératives ne peuvent pas verser d'intérêts plus élevés que le TMO fixé par l'État.

Après, contrairement aux autres placements mentionnés jusque là, ceux-ci peuvent avoir un sens très direct. Si vous êtes clients ou usagers de ces coopératives, si vous connaissez leurs mode de fonctionnement, etc., c'est naturel de vouloir en posséder une partie et de pouvoir s'exprimer aux assemblées générales.

Crowdfunding et crowdlending

Il y a différentes plateformes qui permettent de placer son épargne directement pour financer des projets en lesquels on croit, généralement sous la forme d'obligations sur une durée fixée et un taux convenu à l'avance (par exemple 5% sur 5 ans). Je note ici celles que j'ai trouvées, sans garanties particulières5 : Lita.co, MiiMOSA, Homunity pour de l'immobilier, Wiseed. Voir lus généralement le comparateur d'Investir-éthique. Certaines de ces plateformes sont elle-même certifiées B Corp, je ne sais pas s'il en existe de coopératives ou alternatives en ce sens...

Évidemment, ces projets sont très risqués, et à moins d'avoir des raisons particulières d'y croire, il faut sans doute répartir son investissement entre plusieurs projets... en fait, je m'étonne de constater l'absence (apparente ?) d'intermédiaires permettant de se constituer simplement un portefeuille de tels projets. J'aimerais pouvoir choisir les projets auxquels je crois, et avoir un intermédiaire qui s'occupe de l'investissement lui-même, de centraliser les avantages fiscaux quand il y en a, et de se financer sur un pourcentage des revenus. Ou bien la Nef pourrait peut-être trouver des projets à financer sur de telles plateformes (peut-être le font-iels déjà ?).

Autres formes de placements

Il y a ensuite toutes sortes de placements immobiliers pierre-papier, où je ne comprends pas grand-chose... Investir-éthique en parle. J'avais noté au cours de mes recherches, sans garantie, la foncière d'habitat et humanisme, et la SCPI Kyaneos Pierre qui détaille son impact environnemental ici et est présentée ici comme une façon de réduire son empreinte carbone. Le fonctionnement de ces SCPI semble être complexe...

Dans le genre inclassable, il y a aussi EcoTree qui permet d'investir dans des arbres. Le modèle est assez improbable (un peu trompeur aussi de parler de réduction de CO2 en parlant d'un arbre qui va être utilisé, et ne compense pas d'émissions de CO2 fossile suivant le cycle du carbone), je ne comprends pas par exemple si les frais de gestion facturés par la forêt (?) sont fixés à l'avance (?), mais il semblerait que ce qu'iels vendent soit bien la propriété d'arbres (offrant une forme de garantie même s'iels font faillite).

Cryptomonnaies

Les cryptomonnaies sont un placement moderne hautement spéculatif. Le principal point à garder en tête est que les cryptomonnaies à base de proof of work, et notamment la plus connue, Bitcoin, ont une consommation électrique très significative, qui a de plus majoritairement lieu dans des pays à l'électricité très carbonée comme la Chine. Référez-vous par exemple à cette étude, cet article de l'IEA, ou ce site Web. L'achat de Bitcoin contribue à la capitalisation du réseau, et réaliser une transaction pour ce faire rétribue les mineurs (qui effectuent le calcul polluant) via une commission ; l'empreinte carbone d'une seule transaction se compte en centaines de kg d'équivalent CO2.

Pour cette raison, il me semble préférable d'investir dans des cryptomonnaies à moindre impact environnemental, notamment celles fonctionnant à base de mécanismes de type proof of stake.

Conclusion

Choisir sa banque, et choisir où épargner, quand on se soucie de la crise climatique, est une question complexe, et je ne ressors pas de cette recherche avec les idées très claires sur la question. Peut-être que le principe même d'épargne mérite d'être questionné : est-il souhaitable, finalement, qu'un excédent de revenus permette d'acquérir du capital pour le louer à d'autres personnes ? Ne vaut-il pas mieux leur consentir des prêts (avec des taux d'intérêt justes) sans s'arroger de droit de propriété, ou faire des dons, ou mieux consommer (acheter des produits plus coûteux mais produits dans de meilleures conditions ?).

En tout cas, si l'on épargne, il y a aussi une notion de "proximité" : investir dans des parts d'une coopérative où on est soi-même investi me semble bien plus porteur de sens que de l'immobilier acheté pour être loué à d'autres personnes, ou que des entreprises ou des fonds qu'on ne connaît pas autrement que via un label vaste. Ça me semble aussi être une forme de propriété plus légitime. Du coup, la bonne solution serait-elle de se constituer un portefeuille de petits projets de ce type, pour réduire les risques ? C'est un peu ce que propose la Nef, mais à un taux d'intérêt peu attractif (comprendre : essentiellement nul). C'est aussi ce que propose le crowdlending, mais sans aide à la constitution du portefeuille.

J'espère au moins que ce tour d'horizon sera utile pour aider à orienter des réflexions à ce sujet, et au moins ne pas choisir de solution "par défaut" sans réfléchir aux conséquences sociales et environnementales...


  1. Alors certes, les commissions Visa ne sont peut-être pas plus chères que ce que ça coûte à un professionnel de gérer de l'argent liquide. Toutefois, pour la gestion de fonds, il doit j'imagine y avoir de la concurrence entre plusieurs acteurs, garantissant que les frais restent raisonnables... alors que les cartes bancaires contribuent à un lock-in. J'avoue que je connais mal la situation, mais le système où tout passe obligatoirement par Visa avec des commissions invisibles me paraît vraiment douteux. 

  2. Le rapport annuel Fonds d'épargne 2020 de la CDC précise de fait qu'elle centralise 285 millards d'euros d'encours de ces trois livrets. Cette proportion serait de l'ordre de deux tiers d'après le Décret n° 2011-275 du 16 mars 2011, ou en pratique 59% d'après le rapport annuel de la CDC (p7). 

  3. Il y a un feuilleton juridique en cours, que je ne comprends pas très bien, portant sur si le prêt "obligatoire" que font les banques à la CDC doit être compté ou non comme une exposition dans le calcul du ratio de levier. Apparemment la réponse est non, cf ce communiqué de presse du tribunal de l'Union Européenne et ce jugement plus récent -- Tribunal de l'Union Européenne - 2e chambre 14 avril 2021 / n° T-504/19 

  4. Si l'on possède déjà des biens immobiliers, c'est sans doute une bonne idée de couvrir leur rénovation énergétique... mais ce n'est pas vraiment un placement. 

  5. La Nef a aussi une plateforme Zeste par la Nef mais c'est une plateforme de don pour du financement participatif, pas de l'épargne. 

Achat de vêtements éthiques neufs pour homme à Paris et environs

[This post is about buying clothes near Paris and advertises a page which is written in French, so it is not translated in English, sorry.]

J'ai récemment recherché des marques de vêtements "éthiques" (suivant des critères environnementaux, sociaux, et autres) qu'il soit possible d'acheter à Paris ou environs ou en ligne; en privilégiant des entreprises françaises et/ou produisant en France ou à proximité.

J'ai découvert que les possibilités sont en fait très nombreuses, et j'ai essayé de résumer ça ici : Annuaire de vêtements éthiques neufs pour homme à Paris et environs. La page présente d'abord une introduction expliquant la démarche et les critères, puis une longue liste de points de vente et de marques que vous pouvez explorer.

Je ne sais pas si j'aurai le courage de la tenir à jour lors de mes prochains achats de vêtements neufs, mais j'espère qu'elle pourra rester utile. Si ça vous est utile, bonne lecture !

Some random notes from the "Labos1point5" day (November 6, 2020)

I attended the first day of the Labos1point5 French group about reducing the carbon footprint of research. It was held fully online, and I found it very interesting. Here are some quick notes of initiatives and resources that I heard about via this day. (The Labos1point5 day was entirely held in French, and almost all resources linked here are in French, but the question of climate change isn't specific to France, so I'm writing this list in English.)

CO2 impact of computation

  • A French estimate of the carbon footprint of computation is available here: here. (The result is about 5 grams of CO2e per hour of core CPU time.)
  • The rule of thumb for the environmental impact of computing equipment is that, usually, half of the footprint comes from producing the equipment, and half of it comes from use (electricity consumption).
  • In terms of computing time, a useful rule of thumb is that larger datacenters are usually more efficient that smaller ones, thanks to economies of scale. This is an argument for mutualizing (e.g., avoid smaller local data centers), though there are of course other issues (confidentiality...). Here are details and pictures about a French datacenter with passive cooling; there are other French companies active on the green datacenter front, e.g., Webaxys.

CO2 accounting

  • It is now compulsory for sufficiently large companies and public bodies in France to do a regular carbon accounting report to estimate their GHG emissions. For this reason, many people are now looking into measuring GHG emissions, which is a good thing, and investigating how to classify them according to complex accounting rules, which is less interesting but probably unavoidable. This carbon accouting is often delegated to specialized companies. These GHG emission reports are often publicly downloadable (here). Here are the legal details of the requirements.
  • The ADEME provides very extensive data to estimate GHG emissions for various activities, including transportation. The dataset is here. The Shift project also has such a dataset for computing: the REN.
  • A nice graphic of the carbon footprint of French citizens, here. This is about 12 tons of CO2e per person, to be compared to the 2 tons per year that would be sustainable.
  • The environmental impact of computing is studied by the CNRS group Ecoinfo in France. In particular, they provide a tool to estimate the CO2 footprint of computing equipment.

CO2 accounting and reduction in labs

  • The labos1point5 group is proposing an online tool for French research labs to measure their carbon footprint. This tool is called GES 1point5, there is a video presentation here.
  • Another "regulatory" idea is to integrate criteria about greenhouse gas emissions when doing calls for bids when buying equipment, and ask suppliers for an estimate of the carbon footprint of what they provide. This can be a way to compare suppliers, and encourage them to take this criterion in consideration.
  • Many French research institutes are starting to investigate the carbon footprint of the professional travel of scientists. To do this, it is necessary to track which travel is taking place. In some places, this goes together with the need to modernize the way professional travel is ordered (i.e., having a Web interface rather than paper forms). This kind of modernization is a good way to start GHG accounting.

Efforts in reducing CO2 emissions in labs, and political questions

  • The Parisian ocean research institute LOCEAN now performs accounting of their GHG footprint (including professional travel and sea travel). They voted (details here and here) to reduce their GHG footprint, in particular putting a cap to limit the emissions of the flights of each faculty (from 10 tons CO2e in 2021 to 2.5 tons CO2e in 2026). This vote was the result of a long process of discussions with all affected faculty to convince them. For this, you have to be ready to accept counterarguments, give time for people to digest the issue and change their minds, and argue against the same common objections coming again and again from different people.
  • A common argument against limiting the carbon footprint of research is that research is a "useful" activity, e.g., the carbon footprint of flights for scientific conferences is better used than the same footprint for mass tourism. A good retort to this argument, however, is that scientists are (or should be) better informed than the general public about the issue of climate change and the need to reduce carbon emissions. Hence, the people who are informed about the issue have a duty to lead by example, so as to convince more people to act.
  • There have been scientific studies of the necessity of flying for academic success (in terms of numbers of citations), see Wynes et al., Academic air travel has a limited influence on professional success (link), or Chalvatzis and Ormosi, The carbon impact of flying to economics conferences: is flying more associated with more citations? (link, does not seem available in open access).
  • To modernize the practices of research to reduce its footprint, we should look beyond our immediate research area, to see what different fields are doing. Indeed, even though some fields have specific activities with a high footprint (e.g., experiments), some issues (e.g., flights) are common in multiple fields. A good source of inspiration is to look at what is done by researchers in climate science, which are of course better informed about the need to act. That said, it is disputed if they are really acting as much as they should, see, e.g., this study. There is also a paper spelling out the contradiction where sustainable transport researchers still non-sustainably fly to scientific conferences.
  • Reducing the carbon footprint of academia is connected to many other things that should be fixed in academia. In particular, a common theme discussed during the Labos1point 5 day was to do less research (but do it better). Indeed, the right way to emit less carbon might be cut the large proportion of travel, projects, papers, etc., that are of very little use and are only done to optimize the wrong indicators.

Other French initiatives

  • There are many French public bodies about climate that I didn't know about, e.g., the high council for climate.
  • In research, there is also the CIRSES association, which is trying to move higher education and research in the right direction.
  • The French dietary recommendations now integrate some information about the environmental impact of food choices.
  • I was also interested by the existence of a large-scale initiative to encourage vegetarian meals at the CROUS network of student canteens in Bourgogne Franche-Comté, details here CROUS.

Politics

  • The phenomenon of knowing about the climate crisis yet not doing anything about it has a name: the knowledge-action gap.
  • Interesting-looking seminars about ecology and research in Île-de-France : Ecopolien and Faire de la recherche dans un monde fini
  • An interesting idea: "Workdays for future", the idea of dedicating one day per week to work towards environmental issues.